top of page
Rechercher
  • Photo du rédacteurOlivier Frick, Naturopathe

Addiction: de l'évitement destructeur à l'écoute des besoins

J’enseigne la naturopathie en école spécialisée, et souvent les étudiants qui pratiquent sont réticents à pointer les méfaits des addictions de leurs clients : « J’ai bien entendu qu’il fumait 1 paquet par jour, mais je n’ai pas voulu le culpabiliser : il se doute bien que ce n’est pas bon pour sa santé, pas la peine d’insister ! »


Notre dépendance de l’alcool, du tabac, du sucre, vient des sensations que ceux-ci nous procurent. Derrière une addiction, il y a un besoin non satisfait qui génère une émotion demandant apaisement.


C’est ce besoin fondamental qu’il est important de déterminer afin que la personne puisse agir et s’en libérer.  Cela peut être le besoin de sécurité derrière la peur. Celui de justice ou de reconnaissance derrière la colère. La présence ou l’écoute derrière la tristesse.


On cherche à se libérer des affects par des solutions extérieures à nous : le paquet de gâteau qui traîne, la cigarette tirée machinalement de son étui, le téléphone dégainé tous les quarts d’heure, la ligne de coke du samedi soir, le verre de vin après le boulot, …

les bien-nommés "faux-amis" qui nous apportent un apaisement immédiat, mais ne résolvent pas nos problèmes et se retournent contre nous à long terme.


Quand je questionne certains clients : « Pourquoi grignotez-vous ? » la réponse est souvent : « Parce que je m’ennuie ».


Pour Schopenhauer, l’ennui est le plus grand fardeau qui pèse sur nos épaules, et ceci pour une bonne raison : il oblige à la confrontation à soi-même. Il agit comme révélateur de nos peurs les plus archaïques, premier pas vers l’angoisse.


Notre société a créé toute une série de parades à l’ennui, des subterfuges (les fameux « faux-amis »)  dont l’objectif est le même : éviter de penser et de souffrir.


Un naturopathe aide son client à restaurer sa liberté de choix en proposant des alternatives à l’apaisement immédiat par les substances addictives.


  • L’orienter vers une thérapie psychocorporelle qui fera le lien entre l’esprit, le corps et le cÅ“ur, dans une approche jungienne.

  • L’aider à trouver quelque chose qui lui permette de mobiliser son désir, qui le mette dans une motivation et dans une joie qui lui permette de quitter l’affect qui le rend malheureux.

Voici mon propre exemple : quand j’étais à l’armée, l’ « ennui » m’a poussé à fumer. A 20 ans, je fumais 30 cigarettes par jour.

A 25 ans, j’ai découvert le yoga, et ma formatrice m’a initié à l’hygiène de vie associée. Très naturellement, la motivation que j’avais à arrêter de fumer a trouvé un socle assez solide pour que ce projet devienne réalité.


Ainsi un comportement associé à des valeurs et un ressenti positifs m’a permis de contrer un comportement d’évitement aux effets destructeurs.


Frédéric Lenoir, dans une interview, cite l’exemple d’un enfant dépressif qui retrouve le goût de vivre quand on lui permet d’adopter un petit chien. Car un petit chien a besoin qu’on s’occupe de lui, qu’on le sorte, qu’on lui donne à manger. Le désir d’être un bon maître prend le dessus sur le comportement de repli sur soi de cet enfant.


C’est Spinoza qui le dit : on ne peut lutter contre un affect négatif que par un autre affect qui lui est supérieur : quelque chose de positif qui mobilise notre désir, qui nous met dans une motivation, dans un désir et dans une joie qui va nous permettre de quitter l’affect qui nous rend malheureux.




49 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page